Accessibilité Evènementielle
Une association lance le concept d'«accessibilité événementielle»
Soutenue par le ministère des Solidarités, l'association Aditus a élaboré un «mode d'emploi de l'accessibilité événementielle». Objectif : rendre les manifestations pleinement accessibles à toutes les personnes quelle que soit la nature de leur handicap.
Ce guide a été officiellement présenté le 14 décembre 2011, en présence de la secrétaire d'Etat aux Solidarités, Marie-Anne Montchamp, du président de l'Observatoire de l'accessibilité, Philippe Bas, et du président du Conseil national consultatif des personnes handicapées, Patrick Gohet. Depuis, il est diffusé gratuitement par le site de l'association.
Ce mode d'emploi explore toutes «les étapes de la chaîne de l'accessibilité événementielle», depuis la communication, jusqu'aux contenus, interventions et interactions au sein de la manifestation, en passant par les transports et les déplacements sur le site. «Si un maillon manque, l'événement peut rater l'exigence d'accessibilité. Pour éviter cela, il faut une méthodologie», insiste Jean Tranchette, assistant d'administration à l'agence d'ingénierie culturelle Troisième Pôle, partenaire d'Aditus. Outre la communication sur l'événement, et les conditions d'accès au lieu et de circulation sur place (signalétique, aménagements physiques...), les organisateurs doivent être vigilants sur la formation du personnel et la médiation. Ce dernier volet est sans doute le plus complexe et le plus ambitieux du concept d'accessibilité événementielle. Car tous les participants doivent pouvoir suivre ce qui se passe et en profiter pleinement. «Dans un événement culturel, par exemple, poursuit Jean Tranchette, il est question de perception d'une émotion par rapport à une oeuvre présentée dans un lieu. Or la technique ne doit pas être une entrave à l'émotion et à la possibilité de la partager avec les autres participants.»
Force est de constater que les organisateurs d'événements ne sont pas toujours sur la même longueur d'onde que les associations de personnes handicapées. «Souvent, ils sont persuadés de rendre une manifestation accessible parce qu'ils ont prévu un ascenseur. Et quand nous leur demandons d'aller plus loin, ils nous disent que cela coûte cher», observe Jérémy Boroy, délégué général d'Aditus.
Par pragmatisme, le mode d'emploi comporte donc trois niveaux d'exigence : «accessibilité possible mais comportant quelques obstacles», «accessibilité assurée mais limitée», «accessibilité totale assurant l'égale participation de tous». «Nous ne pouvons pas dire : «l'accessibilité événementielle, c'est cela et rien d'autre. Sinon, certains pourraient devenir hostiles à ce principe. De plus, tous les organisateurs n'ont pas les moyens de tout mettre en oeuvre», poursuit Jérémy Boroy.
Autre message à faire passer auprès des organisateurs : chaque handicap a ses spécificités. «Pour aborder l'ensemble des handicaps, nous avons besoin de toutes les associations, souligne Philippe Bas. Les questions d'accessibilité ne peuvent être traitées pour le compte d'autrui. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons besoin de l'Observatoire de l'accessibilité pour réunir toutes les parties prenantes».
Reste maintenant à diffuser le mode d'emploi et à sensibiliser les organisateurs d'événements. Les prochaines campagnes électorales (lire ci-dessous) et la saison des festivals qui s'ouvrira au printemps seront l'occasion de mettre en oeuvre ce principe et de tester la réceptivité des milieux politiques et culturels.
Elections de 2012 : Aditus interpelle tous les candidats
Selon les principes fondamentaux de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, personne ne doit être écarté du débat politique. «Il est de la responsabilité de tous les candidats de toutes les formations politiques de s'engager à mener campagne dans le cadre le plus accessible possible», fait valoir Aditus dans son «appel pour l'accessibilité des campagnes électorales».
Nombre de leaders politiques de toutes tendances, et des responsables associatifs et institutionnels ont déjà signé l'appel, ainsi que la secrétaire d'Etat aux solidarités Marie-Anne Montchamp, et le président de l'Observatoire de l'accessibilité Philippe Bas. Les partis et les candidats pourront puiser largement dans le mode d'emploi pour l'accessibilité événementielle pour changer leurs habitudes. Outre l'organisation des meetings et autres réunions politiques, ils devront aussi veiller à l'accessibilité de leurs documents et professions de foi. «Des recommandations seront transmises aux ministres en charge de l'organisation des élections et notamment celui de l'Intérieur», précise Patrick Gohet, président du Conseil national consultatif des personnes handicapées, qui observe que «là encore, nous ferons la démonstration que lorsqu'on fait quelque chose pour les personnes handicapées, cela fait avancer les choses pour tout le monde.»
Hélène Gira
Source : La Gazette Santé Social
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